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L’Economie circulaire : Un modèle de changement économique viable pour le monde et pourquoi pas pour Haïti ?

Repurposed tires used as planters for growing lettuce, showcasing an innovative and eco-friendly approach to sustainable gardening
Repurposed tires used as planters for growing lettuce, showcasing an innovative and eco-friendly approach to sustainable gardening

Depuis la genèse du monde, la nature nous a fourni tout ce dont nous avons besoin en tant qu’êtres. Avec la croissance de la population mondiale, ces ressources sont devenues presque insuffisantes. Avec une population mondiale en constante augmentation, estimée à environ 8,2 milliards d’habitants en 2024 selon les estimations de l’Institut National d’Études Démographiques (INED), la demande en ressources naturelles (eau, énergie, matières premières, etc.) a considérablement augmenté. Cependant, la capacité de la Terre à renouveler ces ressources est limitée et les processus naturels ne suivent pas le rythme de l’exploitation humaine.

Cette augmentation au niveau des consommations humaines pousse l’homme à chercher de nouveaux moyens pour répondre à ses besoins croissants. Cette quête d’alternatives conduit souvent à l’exploitation de nouvelles ressources, parfois non durables, ou à l’innovation technologique pour trouver des solutions plus efficaces. Cependant, cette approche peut aussi entraîner des conséquences imprévues, telles que la dégradation de l’environnement et l’épuisement accéléré des ressources disponibles.

Ainsi, bien que la recherche de nouvelles solutions soit nécessaire pour répondre à la demande croissante, il devient impératif d’adopter des modèles durables, comme l’économie circulaire, afin de limiter l’impact environnemental tout en satisfaisant les besoins des générations futures.


D’abord, le concept d’économie circulaire a émergé au 20e siècle, par contre les pratiques dont il fait l'objet ont perduré dans le temps. Depuis le temps des casernes, l’homme a appris à réparer, transformer et modeler tout ce qu’il détenait en sa possession afin de maximiser leur utilité. D’ailleurs, on peut voir que dans les représentations imagées de nos ancêtres, leurs principales armes de défense étaient constituées d’os d’animaux comme celui du mammouth. Ils ont non seulement tué pour se nourrir, mais ils utilisaient la peau de leur proie pour se couvrir et l’os comme arme. Bien d’autres exemples pourraient illustrer cette situation ayant évolué à travers le temps. Par contre, nous, les hommes des temps modernes, ce n’est qu’en 1970 que nous l’avons conceptualisé et tenté de le développer au quotidien dans le but de contrecarrer les problèmes environnementaux et l’épuisement des ressources naturelles causés par le système d’économie linéaire.

En effet, le système économique qui gouverne le monde aujourd’hui est le modèle économique linéaire qui s’est développé avec la révolution industrielle. Il consiste essentiellement à extraire ou à récolter des matières premières et à les utiliser comme ressources dans la fabrication de produits qui seront commercialisés et jetés après utilisation. Tout au long du cycle, d’importantes quantités de ressources naturelles et d’énergie deviennent ultimement des déchets. La formule lapidaire de l’économie linéaire est la suivante : « Extraire, fabriquer, consommer et jeter », elle est à l’origine de bien des maux dont l’humanité mettra du temps à y remédier, comme : l’épuisement des ressources naturelles, le réchauffement climatique, l’érosion de la biodiversité et la multiplication des déchets. En somme, il associe croissance économique et épuisement des ressources naturelles.

A l’inverse, le modèle d’économie circulaire longtemps oublié, s’oppose complètement au linéaire car il prône une utilisation rationnelle des ressources pour réduire le gaspillage, tout en limitant l’impact environnemental lié aux activités humaines. L’objectif principal de ce modèle est de maintenir autant que possible les ressources dans le cycle économique depuis leur extraction jusqu’à la gestion déchets. En ce sens, le parlement Européen définit l’économie circulaire comme : un modèle de production et de consommation qui consiste à partager, réparer, réutiliser, rénover et recycler les produits et matériaux existant le plus longtemps que possible afin qu’il conserve leur valeur. Ce modèle permet au produit d’avoir un cycle de vie plus long, ce qui permet de réduire les déchets tout en réduisant l’utilisation des matières premières.

Vu le manque à gagner que procure l’économie linéaire,  une passation au modèle circulaire s’impose, et c’est à ce titre que Frans Timmermans, ancien vice-président exécutif de la commission Européenne a eu à déclarer : 

Si nous continuons à utiliser nos ressources naturelles comme nous le faisons aujourd’hui, nous aurons besoin de trois planètes pour continuer à subvenir à nos besoins d’ici 2050. 

Il en découle que passer à une économie circulaire est impératif pour protéger notre planète et peut-être aussi pour stimuler l’innovation, la compétitivité et la création d’emplois.


Comment faire cette transition ?

La transition d’une économie linéaire vers une économie circulaire implique une transformation profonde dans nos modes de productions et de consommation. Il faut repenser la conception des produits en prenant en compte leur durabilité et leur réparabilité, veiller à optimiser les ressources, faire la promotion du recyclage et de la réutilisation, l’adoption de nouveaux modèles économiques. Pour atteindre cet objectif, plusieurs plans d’action ont été mis en place, parmi eux nous avons :

  1. Le PAEC, qui est le nouveau plan d’action pour l’économie circulaire, a été adopté en mars 2020 par la Commission Européenne. Ce plan d’action prévoit des initiatives tout au long du cycle de la vie des produits. Il cible la conception des produits, promeut les processus d’économie circulaire, encourage la consommation durable et vise à garantir que les déchets sont évités et que les ressources utilisées sont conservées dans l’économie de l’UE le plus longtemps possible.

  2. EPA, l’agence de protection des Etats-Unis. Elle fournit des lignes directrices sur la gestion des matériaux et sur la réduction des déchets dans une optique circulaire.

  3. ONUDI (Organisation des Nations Unis pour le développement) soutient les pays en en développement dans la mise en œuvre de stratégies circulaire adaptées à leur concept spécifique. Il a conçu des plans et des approches pour intégrer l’économie circulaire dans les processus industriels et les stratégies de développement durable.

Ainsi, la transition de l’économie linéaire vers une économie circulaire nécessite beaucoup de travail, surtout au niveau de l’avancement technologique et de la sensibilisation des consommateurs. Mais il revient à chaque pays d’élaborer son plan de transition propre à lui-même, comme l’ont fait l’UE et les USA.

Actuellement, aucun pays ne possède de système d’économie circulaire parfait, mais divers pays ont mis en place des programmes qui leur permettent de se rapprocher de cet objectif. Parmi ces pays, il y a les Pays-Bas, dont l’objectif est de devenir une économie circulaire à 100 % en 2050, la Finlande, qui est le premier pays à adopter une feuille de route pour l’économie circulaire depuis 2016, puis la Chine, qui a entamé une transition guidée par des stratégies nationales, intégrant l’économie circulaire dans son modèle de développement.


Bienfaits apportés par la transition vers l’économie circulaire

Tous les pays ayant entamé cette transition jouissent déjà des bienfaits venant de celle-ci. Actuellement, la France compte environ 6 000 000 emplois verts, avec un potentiel de création de 500 000 supplémentaires, et l’Espagne a généré de son côté 45 000 emplois durant les cinq dernières années. Le Danemark a réussi à éliminer plus de 100 000 tonnes de déchets en un an grâce à sa création de parcs industriels circulaires. Cette transition a permis à certains pays de jouir d’innovation et de développement technologique. La Chine a eu une augmentation de 15 % d’innovation dans l’industrie manufacturière grâce aux démonstrations d’économie circulaire et le projet de Kalundborg Symbioses[1] a permis au Danemark d’économisé 3 000 000 de tonnes d’eau en partageant les ressources entre entreprises.

D’autre part, ces premiers pas ont permis de réduire 56 millions de tonnes de CO2 en 2019 selon la Commission européenne, et les déchets plastiques qui polluaient l’eau et les sols ont diminué de 30 % aux Pays-Bas. Donc, on peut constater que l’amorçage fait par certains pays vers l’économie circulaire a porté ses fruits. Qu’en serait-il si tous les pays du monde se joignaient à cette transition ?

Ainsi, l’économie circulaire ne se présente pas comme une simple alternative au modèle économique linéaire, mais plutôt comme une réponse au besoin urgent de préserver notre planète tout en créant des opportunités infinies pour l’humanité. Elle se positionne comme un acte de sagesse collective. Elle transforme les déchets en ressources, renouvelle les matières premières et redonne de la valeur à ce qui semblait perdu. Les bienfaits de cette économie sont multiples et touchent tous les aspects de la vie. Grâce à l’innovation qu’elle encourage, elle crée des millions d’emplois, stimule de nouveaux marchés et dynamise les marchés locaux. Elle est la promesse d’un avenir où progrès et respect de la planète coexistent.


Une transition, une nécessité pour Haïti ?

En Haïti, nous générons beaucoup de déchets au quotidien, Port au Prince à lui seul, produit environ 3 000 tonnes de déchets par jour, selon un rapport du PNUD en 2022, et moins de 40% d’entre eux se font collecter. L’entassement de ces déchets au fil du temps sont à l’origine de difficultés environnementales et sanitaires, ce qui affectent grandement la qualité de vie de la population. Parmi ces difficultés on a, la pollution de l’air due à la combustion de combustible solides causant environ 8 200 décès annuel en Haïti d’après un rapport de la banque mondiale de l’année 2022. De plus la contamination de l’eau par les micro-organismes, causées par la gestion inadéquate des déchets, entraine la propagation de maladie hydrique telles que le choléra et la typhoïde, qui affectent un grand nombre de personne chaque année.

En raison de cette observation, plusieurs réflexions et avancées ont été faites dans le but de contrecarrer ces problèmes. Depuis 2020, plusieurs programmes ont été mis sur pied dans le but de promouvoir le recyclage des déchets plastiques. Comme exemple, nous avons Recycle Haïti et Haïti Recycling, qui ont entamé plusieurs campagnes dans les grandes villes haïtiennes, dont (Haïti propre ; sak vid, sak net, Action propreté 509). Toutes ces avancées ont contribué à l’amélioration de la gestion des déchets, mais n’ont pas totalement résolu le problème.

La transition d’Haïti vers une économie circulaire serait une solution à tous les problèmes causés par les déchets. De plus, elle contribuerait à la réduction du chômage, ayant été estimée à 14,9% en 2023 selon les données de Trading Economics[1] et elle permettrait également de réduire la dépendance du pays aux importations en utilisant les ressources locales, tout en renforçant sa résilience économique et sociale en réduisant la pauvreté.

Par rapport à tout ce qu’Haïti pourrait obtenir grâce à l’économie circulaire, une transition devrait se faire. Un plan spécifique à Haïti devrait être rédigé afin que le pays puisse effectuer cette transition, car elle est essentielle pour le développement durable du pays. Nous ne devrions en aucun cas manquer cette opportunité de progrès. 


[1] Trading Economics : Plateforme en ligne base aux USA depuis 2006, dont l’objectif est de fournir des données économiques en temps réels.

[1] Kalundborg Symbioses : Projet situe au Danemark, lancé dans les années 1960 dans le but de promouvoir la coopération industrielle en permettant aux entreprises d’échanger des ressources.



Bibliographie

  • Parlement Européen (2015). Economie circulaire : définition, importance et bénéfices.

  • Ken Webster-The circular Economy: A wealth of Flows (2017)

  • Ghisellini, P. Cialani, C., &Ulgiati, S. (2016). Journal of Cleaner Production,114,11-32

Webographie



Emmanuel Fednor Emilien

Economiste



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