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2019, entre incertitudes et une crise généralisée.

Dernière mise à jour : 19 mars 2023


Désolé du titre, j’aurais mieux aimé me plonger dans cette barrique de souhaits de bonheur reçus depuis le début de l’année 2019. Mais, hélas, au moment d’écrire ce texte, j’ai délaissé tout élan positiviste, j’ai longtemps hésité et me suis demandé : lequel est le plus urgent, le plus pertinent, le plus virulent des maux qui rongera encore ce pays en 2019. J’ai pensé à la décrépitude suspecte et incessante de la gourde, 78,50 à la vente au matin du 11 janvier 2019[1]. J’ai songé à l’inflation qui continue de se maintenir à deux chiffres (14.3%)[2]. Et au-delà des indices économiques, JE REVOYAIS chaque jour, ces parents dans la même galère, incapables de joindre les deux bouts pour garantir à leurs enfants les moyens fondamentaux de subsistances et les envoyer à l’école.

2018 a été une année capricieuse, dont il était difficile d’imaginer l’issue. Dans les méandres d’un « shut-down » populaire, soudain mais imprécis survenu les 6 et 7 juillet, du #PetroCaribeChallenge au début transcendant, mené par des jeunes décidés mais naïfs et trop peureux à mon gout et parallèlement les mouvances, surtout entre Octobre et fin Novembre des dits opposants maladroits et rébarbatifs, l’année 2018 ne se laissait pas prédire facilement. Elle s’en est allée, en nous amenant aux portes d’un mélodrame sociopolitique et économique aux accords déjà perceptibles, que les meilleurs vœux du 1er janvier 2019 n’auront pas pu étouffer.

Fin Novembre 2018, afin de désamorcer une situation tendue marquée par des turbulences diverses, l’Administration Moise-Céant lança des programmes sociaux visant particulièrement les jeunes : les étudiants (ONA ETIDYAN) et les jeunes des quartiers défavorisés (KREDI ATÈ PLAT). S’il faut attendre pour juger les retombées directes de ces programmes, il faut reconnaître que, grandement aidés par l’imminence des « fêtes » de fin d’année, ils ont contribué indirectement à la démobilisation des manifestants, à atténuer le climat sociopolitique et à ralentir la mobilisation des Petro Challengers, composés surtout de jeunes. Mais, ces programmes s’ils arrivent à faire long feu, ne sauront effacer la réalité socio-économique, qui n’a cessé d’empirer. Soulignons en passant que l’insécurité s’est ajoutée au décor, et que depuis, l’anarchie à tous les niveaux semblent supplanter l’ordre. Depuis le début de l’année 2019, dans plusieurs grandes villes du pays, certains distributeurs d’essence décident chacun de la rareté de l’essence et souvent du prix du gallon.


Le Chef de l’Etat, depuis sa prise de pouvoir, dans son audace, perçue plus mensongère et aveugle que visionnaire, n’est pas arrivé à garantir un ambiance politique sereine. A entendre les dernières déclarations de Edo Zenny au micro de Valery Numa, Jovenel Moise semble s’être mis dos à dos avec son propre parti (PHTK). Au parlement, c’est devenu une habitude, nous assistons à un marasme d’idées orchestré par des politiciens dont l’arrogance n’a d’égal que leur lâcheté. En deux ans de mandat, l’Exécutif combiné au Législatif n’a rien apporté de bon et de durable, à part un climat délétère, garantissant aucun investissement, ni privé ni étranger. Et pour perpétuer cette tendance 2019 ne pouvait mieux tomber.

Le budget (entre 50 et 75 millions de dollars) et la loi électorale finalisés, aux mois d’Octobre 2019 nous devrons procéder au renouvellement du tiers du Sénat, aux élections législatives et municipales. Aucun événement politique en Haïti, ne caractérise mieux les jeux de pouvoirs que les élections. C’est un moment glacial ou la haine se voit conceptualisée, ou les protagonistes sont plongés dans une forme de guerre aveugle où tout passe avant l’essentiel, le peuple, entérinant l’utilisation vulgaire du concept de démocratie. Les années électorales sont connues pour être bouleversée et à cette règle 2019 ne semble pas pouvoir échapper. Si la période pré-électorale s’annonce déjà tendue, la publication des résultats de ces élections à venir pourrait introduire des semaines voire des mois fragiles marqués comme à chaque fois par une crise électorale, qui cette fois pourrait réunir tous les ingrédients pour être très dévastatrice.

Au niveau économique, nous sommes au plus mal. Je peine à trouver de nouvelles raisons de justifier cet état de fait. Entre le fait que les transferts de la diaspora qui valent le double des recettes de l’Etat et le dérapage du taux de change par rapport au dollar américain depuis la deuxième moite de l’année 2018, je tergiverse. Depuis 2002, c’est l’année 2018 qui se révèle la plus dévastatrice pour la gourde. Et l’année 2019 semble vouloir faire pire, comme précisé plus haut le taux est déjà à 78,50 HTG. En effet, depuis 2002, la gourde a déjà perdu plus de 22% de sa valeur nominale, passant de 63,82 à 78,50 gourdes (considérant le taux de vente sur le marché) pour un dollar américain. Avec cette perte significative, Haïti se rapproche d’une crise de change[3], pour citer économiste Enomy Germain.


En effet, la perspective de la crise de change en 2019 se voit galvanisée par une perspective assez évidente d’un climat économique et politique défavorable et rythmée. Nous le savons, les instabilités socio politiques nourrissent souvent dans ce pays des situations économiques affreuses. Par ailleurs, dans la proposition de budget national 2018-2019, première manette aux mains du gouvernement pour favorise l’équilibre social et définir une dynamique socio-économique capable de réduire l’extrême pauvreté, les analystes fiscaux semblent rater leur tir. D’abord, la loi de finances de 2018-2019, s’apparente plus à un composite de désaffectations, reprenant les mêmes arrangements fiscaux de l’exercice précèdent. Aussi, ce projet de loi de finances prouve plus que jamais que l’état consolide ses rentrées de fonds au gré des principaux impôts indirects liés à la consommation (66%)[4]. Donc, le projet de loi de finances de l’exercice fiscal 2018-2019, a le mérite d’être surtout insidieux et ne garantira pas de création de richesse considérable capable de garantir la justice sociale et avorter tout projet de crise socio-économique pour l’année civile en cours.

Incapables de voir le bout du tunnel, les festivités carnavalesques passées, le peuple otage de cette langueur socio-économique, voudra peut-être crier ses afflictions. Les dits opposants ne pouvant pas résister à l’envie de récupérer toute cause populaire, ouvriront la brèche vers la crise politique avec la déraison et l’horreur dont ils ont le secret. Les candidats des élections à venir, feront de la misère d’un peuple livré à lui-même, la toile de fond de leur campagne, tous en chœur cantonneront le même refrain, sans cœur, d’un sauveur populaire inespéré, en leur personne. Entre temps, nous nous engouffrerons un peu plus dans un tourbillon de déboire, les projets de bonheur et prospérité du 1er janvier que nous nous serons bricolées, disparaîtront sans laisser de trace.


Mais alors, pendant que 2019 battra son plein, entre incertitudes et crise généralisée, les Petro Challengers auront-ils enfin surmonté leur peur et attaquer de front la sphère politique pour imposer l’AyitiNouVleA tant espéré ?

Jovenel Moise, sera-t-il encore là, à s’isoler dans ses promesses aveugles ?

[1]www.unibank.com , TAUX DE CHANGE USD / HTG, 10 janvier 2019

[2] IHSI, LES COMPTES ECONOMIQUES EN 2018 (Estimations Préliminaires)

[3] Enomy Germain, Le Nouvelliste - 2018 : l'année la plus dévastatrice pour la gourde

[4] OpengouvHT, Bidjè Repiblik D’Ayiti, Pwopozisyon pou 2018-2019

Nathanaël Delva

Planificateur

Associé-Membre fondateur de Pentagone Consulting Group

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