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La perversion du narratif (NEG OPOZISYON SA YO)

Dernière mise à jour : 14 févr. 2021


La PERVERSION est caractérisée par l’altération d’un état naturel, pour une forme plus péjorative tendant vers une utilisation moins exaltante. On la retrouve en tout et tout ce qui existe est, à un certain niveau, sujet à la perversion.


Il n’en est pas moins pour le « Narratif » ; et s’il est vrai que pour nous en Haïti le récit a peu d’importance, (malheureusement), il n’en demeure pas moins que la FORCE du « VERBE », même quand elle n’est pas perceptible, reste indéniable.


Un des exemples les plus criants de la « perversion du narratif » dans notre société réside dans l’utilisation du mot « OPPOSITION » dans la narration politique quotidienne.


Plus simplement l' “OPPOSITION” en matière politique se traduit par l’affirmation d’une position par un parti politique, un regroupement sociopolitique, ou un individu qui tranche vis-à-vis de celle du POUVOIR en place. De ce fait, l’on est de « l’OPPOSITION » si l’on n’adhère pas à la manière de diriger de nos autorités et si l’on atteste une appréciation non favorable des agissements de ceux qui détiennent le Pouvoir Public.


Mais, dans notre réalité, il est tout autre ! Le terme « OPPOSITION » est attribué (à tort ou à raison) à un groupe de personnes. Ainsi pour nous et dans notre discours, l’on est de l’OPPOSITION, non pas en fonction de notre positionnement face au Pouvoir, mais par notre rapprochement à certaines personnes et l’acceptation de leurs idéaux.


Toutefois, la Perversion, étant contre-nature n’est jamais sans danger, et cette mauvaise appropriation de la nature réelle du terme « OPPOSITION » cause un dommage important dans notre société, qui se traduit par la NEUTRALITÉ face au POUVOIR. Ainsi, il devient courant et normal dans nos débats de tomber sur des phrases comme : « M pa pou Pouvwa, ni m pa pou Opozisyon an », ou des expressions telles que: « Nèg Opozisyon sa yo ».


Ces « NARRATIF » provoquent chez nous un désengagement, car on devient NEUTRE et léthargique face à nos malheurs. Et même si l’on n’est pas d’accord avec nos autorités, même si l’on redoute la direction où nous entraînent nos dirigeants ; on ne s’OPPOSE pas, car on ne se considère pas de l’OPPOSITION, car malheureusement pour nous, l’OPPOSITION n’est pas une prise de position mais un groupe de personnes.


Et alors même que l’on subisse peines et misères, qu’on assiste impuissant à la violation de nos droits fondamentaux, l’on ne se rebelle pas, l’on ne s’engage pas, car on se veut NEUTRE dans ce combat entre un POUVOIR qu’on n’aime pas, et d’une OPPOSITION dont on ne se réclame pas et encore qu’on aime moins.


Et quoi qu'on en paie le prix fort, on assiste en toute neutralité à notre propre descente aux enfers, victime de la « Perversion de notre narratif ».

Samuel Simonis


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